Dimanche 13 juillet 2008 à 17h30

Récital Lyrique

Artistes :

Bea Robein, mezzo
Dominic Faricier, piano

Première partie

Robert Schumann :
Frauenliebe und Leben, op. 42 , 12'

Paul Verlaine / Claude Debussy :
Beau soir 2'30
Mandoline 2'

Extrait des « Ariettes oubliées » :
C'est l'extase 3'
Il pleure dans mon cœur 3'

Fêtes galantes, 1ère série :
En sourdine 3'
Fantoches 2'
Clair de lune 3'

Entracte

Seconde partie

Gabriel Faure :
Notre amour op. 23, no 2
Le secret op. 23, no 3
Fleur jetée op. 39, no 2

(environ 7 à 8 minutes)

Poulenc :
Fiançailles pour rire, sur des poèmes de Louise de Vilmorin, 7'

La dame d´André
Violon
Fleurs

Kurt Weill :
Complainte de la Seine
Je ne t'aime pas 3'40
Abschiedsbrief 3'25
Speak low 2'30
Buddy on the nightshift 2'35
Youkali 4'

Sa passion pour la scène alliée à une grande curiosité musicale ont permis à la mezzo Bea Robein d'aborder avec succès un large répertoire, depuis les rôles majeurs du Baroque jusqu'aux compositeurs de notre temps.
Elle a ainsi interprété le rôle titre de Lotario au Haendel-Festspiele Karlsruhe sous la direction de Christoph Hammer, Medoro dans Orlando au Aalto Theater Essen dirigé par Alessandro de Marchi, ainsi qu'Eustazio au Luzerner Theater sous la baguette de Sébastien Rouland. Il faut aussi citer parmi ses principaux rôles : Elvira dans « Don Giovanni » (Aalto Theater Essen),  Hänsel dans « Hänsel und Gretel » (Aalto Theater Essen), Dorabella (Udine), Despina (Augsburg), Annius dans « La Clemenza di Tito » (Klagenfurt), Orlofsky dans « Die Fledermaus » (Wiener Kammeroper), Hermia dans « Midsummernightsdream » de Britten (Aalto Theater Essen) et Mrs.Quickly dans « Falstaff » (Tiflis/Georgia). Elle a également chanté Kasturbai/Mrs Alexander dans « Satyragraha » de Glass (Opera Bonn), Mephostophila dans « Historia von D. J. Fausten » de Schnittke (Neue Oper Wien) et a participé aux créations mondiales : de M. Nagls « Der siebte Himmel » (Bregenzer Festspiele) et « Aufstand der Schmetterlinge » de Kreisler (Neue Oper Wien).

En concert elle s'est produite avec le Rotterdam Philharmonic Orchestra, le Netherlands Philharmonic Orchestra, l'Orchestre National de Lyon, le Brabant Orchestra, le Limburg Symphony Orchestra, le Essener Philharmoniker, le Niederösterreichischen Tonkünstler Orchestra, le Singapore Chamber Orchestra et avec différents ensembles abordant là aussi avec rigueur et passion un répertoire varié : avec « die reihe », le Academia Montis Regalis, le Amber Trio Jerusalem et avec le Quatuor Psophos .
A la télévision elle a chanté pour Arte et l'ORF lors du 250ème anniversaire de la naissance de Mozart dans « Vous avez dit Mozart ? ».
Bea Robein a chanté sous la direction de Stefan Soltesz, Jan Latham König, Marc Soustrot, Gianandrea Noseda, Ed Spanjaard, Douglas Boyd, Alexander Liebreich, Peter Keuschnig and Michael Hofstätter.
Prochainement elle sera Carmen dans une production de l'Aalto Theater Essen. Parmi ses projets la création mondiale d'une œuvre de Christian Jost :
« Die Arabische Nacht » ainsi que, avec les solistes de l'Orchestre National de Lyon, les Wesendonck Lieder (arrangement pour sextuor).
Bea Robein est diplomée de la Wiener Musikhochschule, classe de Walter Berry. Elle a suivie les Masterclasses de Robert Holl, Marjana Lipovšek, Roger Vignoles, Ruben Lifschitz, Gidon Saks et travaille aujourd'hui avec Patricia Mac Caffrey.

Originaire de Montbrison, Dominic Faricier commence la musique avec la clarinette. Très vite, il découvre le piano et mène de front l'étude des deux instruments. Au Conservatoire de St-Etienne, il a pour professeur de piano Roland Meillier et étudie également la clarinette, la musique de chambre, la formation musicale et l'écriture. Ses études se poursuivent au CNR de Lyon (écriture), puis il est diplômé du CNSM de Lyon en accompagnement au piano.

Dominic Faricier mène en parallèle une activité de pianiste-accompagnateur, de professeur de chant choral, et de compositeur.

C'est en tant que pianiste du chœur des « Petits Chanteurs de Saint-Marc » qu'il se produit essentiellement. Il côtoie cette formation depuis douze ans et a participé avec elle à l'enregistrement de la bande son du film « Les Choristes ». Pour eux, il réalise en permanence de nombreux arrangements et orchestrations. Il est aussi l'accompagnateur de l'académie d'été « Florigamme à Murat » depuis 2002. Il se produit en compagnie du flûtiste Nicolas Gabaron, de la mezzo-soprano Beatrix Robein et du baryton Aimery Lefevre, et ponctuellement avec d'autres formations de musique de chambre. En décembre 2006, il effectue à l'invitation de l'association « Dues Aures » une tournée de récitals comme soliste dans les îles Baléares.

Il enseigne le chant choral au sein de la prémaîtrise des « Petits Chanteurs de Lyon » depuis 2000 ; c'est pour les divers chœurs de cette institution qu'il est principalement incité à composer.

Prix de la SACEM en 1997, il est l'auteur du recueil « EnCHANTEment 5 », publié aux éditions « A cœur joie ». Il a également composé trois contes musicaux : « A la recherche des histoires perdues » (créé en octobre 2005), « Loup y es-tu ? » (créé en juin 2006) et « Le rêve de la terre » (créé en décembre 2007), une Messe Brève (créée en 2006-2007), d'autres pièces de musique sacrée. Le CD « Escales musicales », chants pour chœurs d'enfants et piano, est paru à l'automne 2007.

Présentation des oeuvres

« Vivre, oui, sentir fortement, profondément, qu'on existe, qu'on est homme, créé par Dieu, voilà le premier, le plus grand bienfait de l'amour. Il n'en faut pas douter, l'amour est un mystère inexplicable ». C'est en écho à ces quelques lignes extraites de la Confession d'un enfant du siècle d'Alfred de Musset que nous vous proposerons de voyager au cœur du sentiment amoureux à travers les plumes dix-neuvièmistes de Schumann et de Debussy, et celles vingtièmistes de Poulenc et de Weill.
Avec l'essor de la musique de salon, les compositeurs du XIXème siècle vont s'intéresser aux formes musicales plus intimistes, comme la mélodie et le lied. Ces formes n'existeraient pas sans la poésie romantique, qui rend aux mots leur couleur et leur valeur sonore, choses secondaires au cours du siècle précédant. Ainsi, des poètes comme Verlaine, Baudelaire, Mallarmé ou encore Goethe, Heine, Müller, vont être une source d'inspiration pour ces mélodistes.

Composé en 1840, le recueil Frauenliebe und Leben, ou L'amour et la vie d'une femme, de Robert Schumann (1810-1856) sur un texte de Camisso, nous propose un cycle entier d'existence humaine. En effet, à travers cet ensemble scindé en huit parties, le poète dessine les différentes étapes de la vie d'une femme, et par là même la métamorphose de son amour. Le personnage s'exprime à la première personne et confie au fil des mots la naissance de ses sentiments pour l'être aimé (Zeit ich ihn gesehen), de l'épanouissement à la reconnaissance de son amour. Le cycle s'achève avec la disparition de cet être dans le dernier poème, Nun hast du mir den ersten Schmerz, lied très dépouillé, proche du récitatif et empreint d'une langueur douloureuse. L'écriture pianistique de Schumann donne à l'instrument un rôle à l'égal de la voix, tels deux solistes évoluant de concert tout au long du cycle.
Les mélodies de Claude Debussy (1862-1918) offrent un visage plus mélancolique et fantasque de l'amour en opposition à la spontanéité expressive des poèmes de Camisso. Pour ce compositeur, mettre un poème en musique ne s'arrête pas à l'accord des notes et des mots. Comme dans une aventure poétique, Debussy tend à pénétrer l'essence même du poème. Les textes de Paul Verlaine ont notamment séduit la sensibilité du compositeur, âgé alors de vingt ans, qui s'en est inspiré pour créer une quinzaine de mélodies groupées pour la plupart dans le recueil des Ariettes oubliées (1885-1887) et celui des Fêtes galantes (1882). Ces mélodies, à l'exemple de Mandoline ou Beau soir, sont en partie dédiées ou composées pour Madame Vasnier, cantatrice amateur à la voix légère et aigüe, véritable muse du mélodiste. La musique de Debussy respire la sensualité raffinée et met en valeur la finesse de la langue française. Le sentiment amoureux évolue dans une atmosphère intimiste, teinté de nostalgie et de langueur.
Appartenant à la fin du xixème et au début du xxème siècle, Gabriel Fauré (1845-1924) a composé une centaine de mélodies entre 1861 et 1921. Bien qu'il s'inspire de grands auteurs, comme Hugo, Verlaine ou Gautier pour ses mélodies, Fauré est également attiré par des petits maîtres comme Armand Silvestre, poète et critique d'art de son époque. Le compositeur va mettre en musique douze des textes de cet auteur, à l'exemple de Notre amour et du Secret en 1882, numéros deux et trois de l'opus 23, et de Fleur jetée en 1884, extrait de l'opus 39. Le sentiment amoureux est ici abordé avec pudeur et simplicité. Si Fauré s'intéresse à des poètes au style plus discret, c'est en rapport avec sa musique, tout en intériorité et en pureté, loin des contrastes harmoniques brusques. La fluidité de son discours offre une dimension nouvelle à la mélodie, le chant devenant ainsi une partie indissociable d'un tout, fusionnant avec les instruments qui l'entourent.
Concernant la mélodie vingtièmiste, Les fiançailles pour rire, de Francis Poulenc (1899-1963), proposent une approche plus ludique du sentiment amoureux. Ce recueil, composé en 1939 sur des poèmes de Louise de Villemorin, arbore un ton plus léger et impertinent, véhicule idéal des sentiments humains. L'écriture de Poulenc est sobre mais douée d'un sens mélodique exceptionnellement riche. Ses chants sont à la fois naturels et originaux, mi-frivoles et mi-nostalgiques, à l'exemple de ces extraits des Fiançailles.
L'univers de Kurt Weill (1900-1950) est tout autre. D'origine allemande mais de nationalité américaine, ce compositeur a beaucoup écrit pour le théâtre. Sa musique est en décalage avec les fatras émotionnels romantiques de ses contemporains. De famille juive, Weill est obligé de quitter Berlin après l'avènement du IIIème Reich. En 1933, il fait escale à Paris puis gagne Broadway en 1935. Sa musique abolit les frontières entre le savant et le populaire. Weill est à l'initiative d'un nouveau style de chanson, appelée song, entre la ballade et la complainte, empreint de légèreté, mêlant les techniques de la musique savante aux harmonies jazz. Certaines de ces chansons, comme Je ne t'aime pas et Der Abschiesbrief (La lettre d'adieu), composées lors de son séjour parisien, gardent le côté intimiste et sentimentaliste de la complainte amoureuse. En revanche, les songs extraites de ses opéras composés à Broadway, comme Speak low dans One touch of Venus, appartiennent à l'univers musical du spectacle, en opposition à celui des salons, s'approchant ainsi de la musique de scène. L'univers musical de Weill est léger, aux mélodies faciles. Le sentiment amoureux retrouve ici la frivolité des cabarets. Pour autant, Kurt Weill reste un témoin de son temps, comme le montre sa mélodie Buddy on the nightshift (Mon pote de l'équipe de nuit), song parodique, qui caricature avec légèreté le milieu ouvrier, en miroir aux Temps modernes de Charlie Chaplin.
Mélanie Guérimand

Date de dernière publication
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